Petit lendemain de Grand Bal

 

"10h07, mardi matin...

 

Emergence lente de rêves déjà enfuis. Les yeux s'ouvrent difficilement, se posent sur la couette toute de rouge vêtue.

 

Les oreilles sont les premières à donner l'alerte : il règne là un silence indécent...

 

Où est la musique de fond habituelle ? Où sont les discours exotiques des voisins de tente danois ? Où sont les bruits de pas qui vont et viennent dans l'herbe mouillée, en direction de la douche ou du pantalon sec du jour ?

 

Une seule chose n'a pas changé : il fait gris dehors, et la pluie danse sur le toit de tuiles. Le toit de tuiles... Et non plus le toit de toile...

 

 

 

Dans la rue, les murs gris ont remplacé les dômes de couleurs. Voilà le bout de la rue. Quoi ?? Pas de guérite, de guitoune, de cabanon avec des gens souriants à l'intérieur, serrés pour échapper à la fraîcheur de la bruine mais toujours souriants et un "bonjour" franc aux lèvres ?

 

Ah...

 

 

 

Aux portes de l'impasse, la ville ouvre ses bras gourmands et râpeux. Ici, des passages piétons inoccupés, foulés par des voitures pressées. Pas de parquets bondés de monde, pas de barnums habités de rires joyeux et de musiques. Pas de rencontres à chaque pas, de sourires échangés, de clins d'oeils entendus.

 

Où sont-ils ces danseurs et musiciens des quatre coins de l'Europe, qui deviennent en une semaine nos amis, nos voisins, nos compagnons, notre peuple ? Où sont ces belles filles en robes à volants, ces garçons en pantalons bouffants, ces jeunes aux pieds nus, ces plus vieux aux chaussures lustrés ? Où sont les paires de gros bras aux coeurs tendres et rires francs, qui sont aussi extérieurs à ce monde que parfaitement intégrés ? Où sont les accolades, baisers, embrassades, enlacements sincères dont on s'est rendu compte qu'ils étaient délicieux ? Où est cette ville colorée et vivante dans laquelle nous passons une semaine à nous perdre et nous retrouver ?

 

 

 

Où êtes-vous, toutes, tous ?

 

 

 

La nuit prochaine sera de nouveau peuplée de vous, c'est sûr. Par les songes, à défaut d'autre chose.

 

L'année prochaine sera peuplée de vous, c'est sûr. Par le souvenir, à défaut d'autre chose.

 

Le Grand Bal prochain sera peuplé de nous, c'est sûr.

 

Vivement."

Juillet 2011

 

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